Dernière mise à jour de la page le 15/03/2024

Les cendres de chaufferies biomasse

Le bois-énergie est aujourd’hui la principale énergie renouvelable utilisée en France.

Elle est considérée comme neutre en CO2 lorsqu’elle est issue de ressources locales.

Le procédé génère aussi un produit résiduaire utile pour les cultures et les sols : les cendres. Celles-ci constituent, notamment, une source intéressante de potassium.

Dans le Haut-Rhin, les premiers épandages ont été effectués à l’automne 2018.

Premiers épandages de cendres dans le Haut-Rhin

Les chaufferies biomasse permettent la production de chaleur à partir de biomasse végétale (plaquettes de bois, miscanthus). Elles sont constituées d’une suite d’appareils permettant la combustion et la récupération d’énergie thermique, puis le dépoussiérage des gaz de combustion et l’évacuation des cendres et des fumées. Leur nombre et leur fonctionnement varient selon la taille et les objectifs de rendement de la chaufferie.

La température dans le foyer peut atteindre jusqu’à 1000°C. La quantité d’oxygène et la pression sont contrôlées. Elles déterminent la qualité de la combustion.

La grande majorité des unités est équipée de foyers à grilles. Des foyers à lits fluidisés se retrouvent dans certaines chaufferies à haute puissance. Un lit de sable est alors mis en suspension dans le foyer. Ceci permet un meilleur rendement de combustion (température plus homogène, plus grande surface de contact). Les chaudières de petites tailles peuvent être à foyers rotatifs.

La biomasse utilisée

La biomasse est constituée :

– soit de bois sous différentes formes (plaquettes forestières, sciures, copeaux, écorces, chutes de la sylviculture, broyats de palettes et autres déchets de l’industrie du bois),

– soit de végétaux, tels que le miscanthus, les pailles, les résidus de cultures…
Ces combustibles ont des pouvoirs calorifiques compris entre 2000 et 5200 KWh/T. Donc inférieurs à ceux du fioul (8 000 KWh/T) ou du gaz (17 000 kWh/T).

La valorisation agricole des centres est impossible en cas d’utilisation de bois souillés (bois traités ou de démolition, par exemple).

Plaquettes de bois

L'énergie produite

La production de chaleur est utilisée dans les réseaux urbains de chauffage sous forme d’eau surchauffée (120-130°C) ou d’eau chaude (80-90°C).

La biomasse peut également être source d’électricité, par co-génération. La chaleur résiduelle est ensuite utilisée pour le réseau.

En parallèle, des fumées de combustion sont rejetées dans l’atmosphère. Ces rejets sont règlementés pour les installations classées (puissance > 1MW). Notamment concernant les émissions en composés soufrés et volatiles et en poussières.

Les cendres obtenues

Les cendres sont les résidus solides de la combustion. Elles représentent 1 à 2 % de la quantité de biomasse entrante. 

Les particules non volatiles sont récupérées sous le foyer et appelées « cendres sous foyer ».

Des particules fines et volatiles peuvent être récupérées à la suite du dépoussiérage des fumées (cf. schéma – dispositif de récupération d’énergie ou multicyclone). Elles sont nommées « cendres de dépoussiérage ».

Les particules les plus fines, ou « cendres volantes », sont captées avant le rejet des fumées.

Naturellement, les cendres sont sèches. Mais elles peuvent être refroidies, par passage dans un bain d’eau. Ceci en modifie les caractéristiques physiques.

Cendres sous-foyer (benne avec vis de convoyage)

Les cendres collectées contiennent des éléments traces métalliques. Il s’agit des éléments naturellement présents dans la biomasse utilisée en entrée. Les teneurs varient donc selon :

– l’origine du combustible,

– l’essence du végétal,

– la technologie de la chaufferie.

Les cendres sous foyer en contiennent peu. Les cendres de dépoussiérage ou volantes sont, elles, plus chargées (en Cadmium, par exemple). C’est pourquoi il est recommandé de les séparer, dans la mesure du possible.

Leur composition va déterminer leur voie de valorisation.

Epandage agricole de cendres

Les cendres, conformes à un usage agricole, peuvent être épandues comme amendement et fertilisant.

C’est un produit minéral, riche en éléments fertilisants : potassium, calcium, magnésium et phosphore. Elles ne contiennent que très peu de carbone et d’azote.

Elles présentent en général des pH élevés (de l’ordre de 12). Elles constituent ainsi un amendement basique pour les sols. Un test peut être fait en laboratoire pour vérifier leur « pouvoir neutralisant ».

Elles sont parfois normalisables, en tant qu’engrais phospho-potassique (NF U42-001).

Il est aussi possible de les mélanger avec du compost de déchets verts pour faciliter leur stockage et leur manipulation.

Selon leur teneur en potasse, les cendres sont appliquées à des doses de 5 à 6 t/ha pour les cendres brutes et de 8 à 14 t/ha pour les cendres mélangées avec du compost.

Si elles ont un pouvoir neutralisant, elles peuvent être épandues sur des sols de pH compris entre 5 et 7,5. Ce n’est pas le cas des cendres mélangées.
Un matériel d’épandage classique peut être utilisé, dans la majorité des cas.

 

A l’inverse, les cendres contenant des teneurs élevées en contaminants sont considérées comme des déchets ultimes. Elles sont envoyées en installation de stockage pour y être enfouies (classe 2 ou 1, selon résultats analytiques). C’est le cas de la plupart des cendres volantes.

Enfin, certaines cendres peuvent être utilisées comme matière première dans la fabrication de matériaux de construction, telle que la production de béton certifié NF EN450-1. Elles peuvent aussi être utilisées en technique routière, sous réserve de répondre aux spécifications du Guide d’application concerné.

Les installations du département

Le département compte plus de 350 chaufferies. Seule une vingtaine d’unités ont le statut d’installations classées au titre de la protection de l’environnement (ICPE).

Parmi ces ICPE, 5 valorisent aujourd’hui leurs cendres en agriculture, sur un plan d’épandage qui leur est dédié :

  • 3 en cendres brutes,
  • 2 en mélange avec du compost de déchets verts.
Chaufferie
Chaudière bois 8MW à grilles (CTI - 68)
Carte de localisation des chaufferies biomasse du Haut-Rhin recyclant leurs cendres en agriculture