Le recyclage agricole des produits résiduaires
Grands principes et état des lieux.
Le recyclage agricole concernait, au départ, surtout les boues d’épuration. Aujourd’hui, il s’est développé et étendu à d’autres produits résiduaires (PR) : composts de boues, digestats de méthanisation, cendres de chaufferies biomasse, etc. Il s’applique donc à différents déchets d’origine urbaine ou industrielle. On ne traitera cependant pas ici des déchets agricoles (fumiers, lisiers…).
Le recyclage agricole, c’est quoi ?
C’est le fait de réutiliser ces résidus de traitement ou de fabrication en agriculture. Ils contiennent des éléments fertilisants pour les cultures ou amendants pour les sols : azote, phosphore, potasse, matière organique… C’est ce qui constitue l’intérêt agronomique des PR. On les épand donc dans les champs, en remplacement d’une partie des engrais employés habituellement. On parle aussi de retour au sol.
En France, il existe une hiérarchie à respecter dans les modes de traitement des déchets, inscrite dans le code de l’environnement. Valoriser les qualités agronomiques des boues d’épuration et autres effluents, leur réemploi, prime sur les autres voies d’élimination (incinération ou stockage). Cela contribue au développement de l’économie circulaire, encouragé par l’Etat.
C’est également une filière de traitement économique pour les producteurs de déchets. Sans compter les économies d’engrais réalisées par les agriculteurs utilisateurs de ces produits. C’est un partenariat gagnant-gagnant pour les deux parties.
Quelles garanties ?
On parle de filière car le recyclage agricole est une affaire de professionnels, particulièrement bien organisée. Cette pratique est aussi strictement règlementée et encadrée.
La règlementation actuelle sur les boues et autres résidus urbains et industriels date de la fin des années 90. Son objectif est de fiabiliser la filière et donner toutes les garanties nécessaires aux agriculteurs. Elle prône 2 principes fondamentaux : l’intérêt agronomique des boues utilisées et leur innocuité pour l’homme et l’environnement. Sans cela, pas d’épandage agricole. Elle établit les règles d’enregistrement des pratiques, de suivi des matières et des sols. Elle fixe ainsi un nombre minimal d’analyses à réaliser annuellement avant les épandages. A titre d’exemple, en 2021, 492 analyses des paramètres agronomiques, 370 des éléments traces métalliques et 247 des composés traces organiques ont été effectuées sur les produits résiduaires traités dans le Haut-Rhin. Cette règlementation est en cours de révision.
Dans le Haut-Rhin, il a été décidé d’aller plus loin, en édictant des règles locales plus strictes encore. Ceci afin de pérenniser et garantir l’acceptation du recyclage agricole par tous. Concertation, transparence et rigueur y sont privilégiées par tous les acteurs : producteurs, prestataires, agriculteurs, administrations. L’Echo des Boues s’inscrit dans cette démarche.
Des Organismes Indépendants (OI) encadrent les épandages dans chaque département. Par exemple, le Syndicat Mixte Recyclage agricole du Haut-Rhin ou la Mission Déchets et Matières Organique du Bas-Rhin. Ils peuvent alors être sollicités par le préfet et ses services, en tant qu’experts sur ces questions.
Qui est concerné ?
Tout le monde. Nous sommes chacun à l’origine de 3 litres de boues quotidiennement. Elles résultent du traitement de nos eaux usées. En France, cela représente de l’ordre d’1 million de tonnes de matière sèche (MS) produites chaque année. 73 % environ sont destinés au retour au sol, notamment en agriculture. Ceci sans parler des boues papetières, cendres de chaufferies biomasse et autres produits résiduaires industriels.
En 2021, un peu plus de 19 000 t MS ont été épandues dans le Haut-Rhin, majoritairement sous forme de compost (70 %). Ces épandages ont concerné plus de 4000 ha et 900 parcelles agricoles, sur 114 communes. 175 agriculteurs utilisent régulièrement ces produits résiduaires dans le Haut-Rhin.
