Dernière mise à jour de la page le 10/11/2023

L’assainissement des eaux usées domestiques par lagunage

Article proposé par Nadia MEDDAD et Frédéric TISSERAND – Service d’Assistance Technique aux Exploitants de Station d’Epuration du Haut-Rhin (SATESE68).

Dans notre article précédent, nous vous présentions le curage de la lagune de Bernwiller. Nous vous proposons ici de découvrir plus précisément le fonctionnement de ce type d’ouvrage.

Le lagunage est un procédé de traitement des eaux usées particulièrement adapté aux collectivités de petite taille, disposant de réseaux d’assainissement de type « unitaires » (recevant les eaux usées et les eaux pluviales).

Les effluents subissent tout d’abord un pré-traitement grossier : dégrillage et dégraissage.

Puis ils traversent successivement deux à trois bassins : le 1er pour le traitement de la matière organique, le 2ème pour celui de l’azote et du phosphore et le 3ème pour la finition.

 

Le traitement des eaux usées par lagunage

La première lagune (lagune primaire) a une profondeur d’environ 1 m.

Les corps les plus lourds (sables, graviers, matières organiques) y décantent naturellement au niveau de la première partie du bassin. Celle-ci est appelée «cône de sédimentation». Elle se caractérise, en général, par une profondeur un peu plus importante.

Le reste de la pollution dissoute dans l’eau est dégradée par l’action conjuguée de bactéries et de végétaux microscopiques, appelés microphytes. En effet, avec l’action du soleil, grâce à la photosynthèse, les microphytes produisent l’oxygène nécessaire au développement des bactéries. Celles-ci vont dégrader la matière organique et générer des composants azotés et phosphorés, ainsi que du gaz carbonique (CO2). Ces éléments seront à leur tour utilisés par les microphytes pour se régénérer. Le temps de séjour des effluents y est d’environ 20 jours.

Lagune primaire à microphytes à Montreux Jeune
Lagune secondaire à microphytes à Montreux Jeune

Les effluents transitent ensuite dans une seconde lagune (lagune secondaire) et une troisième lagune (lagune tertiaire), où le processus va se poursuivre et s’affiner pendant une quinzaine de jours.

La profondeur de ces 2 derniers bassins est de l’ordre de 60 cm.

Ces ouvrages peuvent être à microphytes ou à macrophytes. Dans ce dernier cas, des végétaux colonisent l’ouvrage. Il s’agit généralement de roseaux. Ils servent de support aux microorganismes et contribuent à diminuer les volumes, grâce aux phénomènes d’évapotranspiration et d’absorption.

Au fil des années, les matières issues du processus naturel d’épuration des eaux usées sédimentent en fond de bassin. Elles forment ce que l’on appelle des « boues ».

Une trop grande accumulation de boues entraîne une dégradation de la qualité du traitement des eaux usées. Il faut alors les évacuer en réalisant un « curage » de la lagune.

La fréquence des curages est variable. Ils sont réalisés, en moyenne, tous les 8 à 12 ans. Le cône de sédimentation, lui, doit être, en général, curé plus régulièrement (tous les 1 à 2 ans).

Des signes caractéristiques d’une quantité trop importante de boues sont : l’apparition fréquente et pendant de longues périodes de zones de couleur rosâtre à rouge, avec dégagement d’odeurs, l’apparition d’amas de boues au niveau de l’entrée et de la sortie du premier bassin et la dégradation de la qualité des eaux traitées.

Lagune à macrophytes à Guevenatten

En conclusion, on peut dire que ces ouvrages fonctionnent sur la base de procédés naturels. Ils bénéficient d’une bonne intégration paysagère et sont des lieux propices au développement de la biodiversité. Mais ils nécessitent une surveillance et un entretien régulier.