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Article paru dans le Paysan du Haut-Rhin et l’Est Agricole le 25/11/2022
Le nombre de chaudières biomasse en fonctionnement en Alsace est en augmentation depuis plusieurs années, conséquence d’un intérêt croissant pour les énergies vertes d’un point de vue économique ou en remplacement des sources d’énergies fossiles, dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
En France on comptait en 2020 de l’ordre de 6 600 installations soumises à autorisation et à enregistrement, soit d’une puissance supérieure à 50 kW. Celles-ci sont installées, d’une part, comme systèmes de chauffage collectif et d’autre par, comme source de chaleur pour diverses industries ayant des besoins spécifiques. Les combustibles utilisés sont variés : produits de la forêt et sous-produits de l’industrie du bois, sous-produits de l’agriculture (pailles, rafles…) et des industries agroalimentaires, cultures dédiées (taillis à courte rotation, miscanthus…). Très peu de chaufferies utilisent de la biomasse dite « salie » (bois de déchetteries, bois issu de meubles traités ou autre).
Le rendement de ces ouvrages peut fortement varier selon l’origine du combustible utilisé, sa granulométrie et son humidité. À l’échelle nationale, 245 000 tonnes de cendres de biomasse sont produites annuellement. Ces cendres ont de nombreux usages : elles peuvent entrer dans la composition du ciment, du béton, des soubassements de routes, etc. Leur épandage agricole représente toutefois le principal débouché des cendres sous foyer en France, à raison de 70 à 80 % du tonnage de cendres produites. Au niveau européen, les cendres de chaufferies biomasse sont encore sous-valorisées et aboutissent, le plus souvent, en centres de stockage et d’enfouissement. L’épandage des cendres en forêt n’est, lui, à ce jour pas autorisé, mis à part dans le cadre expérimental.
Quelle que soit la puissance de l’installation, le retour au sol des cendres peut suivre deux logiques différentes, selon leurs caractéristiques analytiques et leur régularité :
Dans tous les cas, les épandages de cendres sous foyer ne peuvent être envisagés que si elles sont exemptes d’éléments grossiers indésirables (morceaux de bois imbrûlés, cailloux, verres, clou…). Un déferraillage et un concassage des cendres peuvent donc s’avérer nécessaires préalablement à l’épandage.
Selon la nature pulvérulente des cendres, une attention toute particulière doit être portée à la couverture du stockage et à la vitesse du vent lors des épandages, de façon à ne pas engendrer de nuisances sous forme de nuages de poussières et ne pas aggraver la pollution atmosphérique (épandages interdits au-delà du seuil d’alerte des particules PM10).
Les cendres de chaufferies biomasses sont intéressantes pour l’apport amendant qu’elles représentent, d’une part, en calcium et magnésium, et fertilisant de fond, d’autre part, principalement en potasse et phosphore. Généralement, les épandages de cendres sont préconisés à une dose de 3 à 10 t/ha selon leur teneur en potasse, permettant des apports de l’ordre de 250 à 400 kg/ha de potasse et de 125 à 140 kg/ha de phosphore. Leur valeur neutralisante, elle, peut varier selon les procédés et les matières premières utilisées. Ainsi, l’épandage sur les sols à pH compris entre 5 et 6 est conditionné à un effet neutralisant avéré des cendres considérées. Elles constituent toutefois, dans tous les cas, une source non négligeable de CaO, de l’ordre de 1 400 à 1 950 kg/ha et de magnésie, avec 130 à 195 kg/ha environ.
Pour toutes questions plus précises, contacter la MDMO 67 ou le SMRA68.
Charles Rempp, service Agronomie-environnement – CAA
Sandra Bapst, SMRA68